- Auteur : Thomas Gueller
« Voilà pourquoi les bordeaux vont encore baisser leurs prix de sortie en primeur »
Olivier Bernard, dirigeant du cru classé de pessac-léognan Domaine de Chevalier, analyse comme suit la crise du bordeaux.
« Je ne crois pas à un désamour pour les vins rouges, mais plutôt à un rééquilibrage après l'envolée de la consommation de vins rouges suite à la publication de l'étude sur le “French Paradox” qui pointait les bienfaits de sa consommation sur la santé. De même, il n'y a pas de déconsommation réelle, mais un rééquilibrage de la chaîne de distribution qui, après le boom de la consommation de grands vins durant l’épidémie de Covid puis juste après, a surstocké lorsque l'argent ne coûtait rien, et s'est fait étrangler par la brusque remontée des taux, passés de 1% à 4% en un an, un bond jamais vu dans un laps de temps aussi court. Résultat : le négoce a eu comme objectif en 2024 de réduire ses stocks de 20 à 25%, mais comme ses clients avaient le même objectif, la chute des achats aux domaines a frisé les 50%. Il faut faire repartir la machine, et je peux d'ores et déjà affirmer que les prix de sortie en primeur vont encore diminuer en 2024, alors qu'ils ont déjà baissé de plus de 20% en moyenne en 2023. Partant de là, je pense qu'il y aura un rebond car des bons vins, si possible bio, à de bons prix, et la force des marques doivent nous permettre d'enrayer la spirale négative et même d'entamer un rebond. »