- Auteur : Thomas Gueller
La suppression de l'Agence Bio soulève l'indignation
Vendredi 17 janvier, le gouvernement, à travers la voix de sa ministre de l’Agriculture, a donné son accord de bienveillance, dit « avis de sagesse », à l’adoption par le Sénat, dans le cadre de la loi de finances, d’un amendement visant à supprimer l’Agence française de promotion et de développement de l’agriculture biologique. La suppression de l’Agence Bio suscite une forte incompréhension dans un contexte où la France affiche au contraire une ambition forte pour la bio (18% des terres en bio en 2027 et 20% de bio dans les cantines). L'objectif affiché est d'économiser 2,9 M€ par an. Le syndicat des entreprises bio agroalimentaires (Synabio) rappelle cependant que « la Cour des comptes, dont le rôle est de veiller à la bonne gestion des deniers publics, a recommandé en 2022 de renforcer ses moyens et non pas de la démanteler ! Cette mesure, totalement dérisoire sur le plan de la maîtrise des finances publiques, serait surtout désastreuse pour les filières de l’agriculture biologique, compte tenu du rôle clé que joue l'Agence Bio dans leur développement. La force de l’Agence Bio, c’est sa capacité à fédérer les acteurs et à centraliser trois missions vitales pour le secteur : communication grand public, collecte de données et financement des filières. » La Fédération nationale de l'agriculture biologique (FNAB) a également réagi : « On peut dire que ce gouvernement a le sens du timing et de la cohérence politique. Venir nous expliquer en pleine crise de la bio qu’il faut supprimer l’acteur chargé de promouvoir nos produits, c’est pour le moins osé, s’inquiète Philippe Camburet, président de la FNAB. Depuis 8 ans, on nous aura tout fait. On nous met des objectifs de bio en resto’co que personne ne respecte, on supprime l’aide au maintien parce que le marché doit nous rémunérer, puis on a recours à des aides d’urgence ad hoc parce que le marché s’est écroulé… On navigue à vue, c’est du grand n’importe quoi. » La FNAB rappelle que « l’agriculture biologique est le seul label de qualité véritablement européen, sur lequel la France avait jusqu’à aujourd’hui le leadership, position qu’elle est en train de perdre à force d’amateurisme politique ».