Laurent Brusset, président de l’AOC cairanne, pousse un « coup de gueule ». « Malgré une situation environnante difficile pour la filière, notre appellation, passée en cru en 2016, se porte plutôt bien. Nous disposons de très peu de stocks. Par contre, nous sommes en train de rater le virage du blanc. Sa production, qui se vend en totalité, est passée de 4 à 6% et nous disposons d’un potentiel commercial de 10%. Notre cahier des charges, trop contraignant, nous impose un minimum de 30% de clairette, 20% de roussanne et 20% de grenache blanc. Ce cadre impose trois vendanges remettant en cause le retour sur investissement des plantations lors du renouvellement de parcelles souvent de petite taille. L’appellation a officiellement déposé à l’Inao une demande de modification du cahier des charges en novembre 2023. La première rencontre avec la commission d’enquête n’a eu lieu qu’en mars 2024. Il n’en est ressorti qu’une réflexion de leur part de conduire une analyse sur l’acceptabilité de notre demande. Entre-temps, rien n’a avancé ! Cette inertie administrative sclérose l’évolution des AOP, incapables de répondre aux attentes des consommateurs. À l’heure où les IGP et les vins de France, plus libres, prennent des parts de marché, cette lenteur risque, à terme, de pénaliser les AOP. Sur de nombreuses appellations françaises, plusieurs jeunes viticulteurs dynamiques et passionnés s’affranchissent des règles des cahiers des charges des AOP pour exprimer leur talent et répondre au plus près aux consommateurs. » Les 52 domaines et 6 coopératives de ce jeune cru produisent en moyenne 30 000 hl, dont 45% en bio.
- Auteur : Emmanuel Brugvin