- Auteur : Nelly Barbé
Incendie dans les Corbières : 8 M€ pour plus de 1 000 ha de vignes et évolutions demandées
Les vignerons des Corbières payent un lourd tribut au feu qui a fait rage entre le 4 et le 10 août dernier, avec, sur les 16 000 ha parcourus par les flammes, 2 000 ha de terres agricoles, dont plus de 1 000 ha de vignes. Certaines parcelles ont joué leur rôle de coupe-feu, d’autres n’ont pas résisté.
Lors d’une visite de terrain le 14 août, la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a annoncé la mise en place d’un fonds d’urgence de 7 M€, en complément des assurances, pour venir en soutien aux difficultés de trésorerie des viticulteurs touchés par des pertes de récoltes (raisins perdus ou soumis aux fumées et retardants de feu), perte de fond (vignes brûlées) et de matériels agricoles. Une enveloppe de 1 M€ est destinée à « la prise en charge ciblée de cotisations sociales par la MSA pour les agriculteurs en difficulté ». Des exonérations de taxe foncière seront également mises en place.
Olivier Verdale, président du syndicat de l’AOC corbières, ne cache pas que pour beaucoup de vignerons, la situation est « très compliquée », pointant un territoire déjà affaibli par l’arrachage définitif qui a été important. « Sur les 5 000 ha arrachés dans le département de l’Aude, la moitié est dans le secteur des Corbières », confie-t-il, relevant que les trésoreries des exploitations sont déjà affaiblies par trois années d’aléas climatiques, dont une sécheresse inédite. Tandis que les vendanges ont déjà démarré dans un contexte de canicule, nul ne sait à ce stade ce que pourra donner la vinification des raisins issus des parcelles rescapées en raison du goût de fumée. Le vigneron Xavier de Volontat, à la tête du Château Les Palais à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, s’interroge même sur l’intérêt de vendanger.
Dans un post publié sur LinkedIn, le producteur-négociant Gérard Bertrand estime que « l’absence de réserve d’eau et de retenues collinaires et la lenteur insupportable de la mise en place du doublement d’Aqua Domitia (eau provenant du Rhône) afin de dynamiser l’agriculture, la viticulture, le tourisme et l’industrie, ont créé les conditions de ce drame écologique et humain », replaçant l’enjeu de l’accès à l’eau dans cette zone particulièrement aride au cœur du débat. Un avis partagé par le président des Vignerons indépendants, Jean-Marie Fabre, qui appelle à des actions pour lutter activement contre la sécheresse : « Cela signifie capter l’eau là où il y en a trop et assumer une partie de l’irrigation », martèle-t-il. À plus long terme, la ministre de l’Agriculture appelle à ce que « L’Aude soit un laboratoire de ce réchauffement climatique qui n’est pas étranger à l’épisode que l’on vient de rencontrer. Partout, il y a de la déprise agricole, il peut y avoir des départs de feu. Il faut restaurer une agriculture protectrice autour des villages comme la vigne l’a fait ».