- Auteur : Yves Meyer
Les vins d’Alsace cherchent des pistes de rebond
Les vins d’Alsace enregistrent une lente et constante érosion de leurs volumes de vente, ‑3% sur un an et ‑6% sur 3 ans. Un recul globalement identique à celui que connaissent les autres vignobles AOP producteurs de vins blancs, à l’exception de la Bourgogne. Cette baisse est toutefois contenue grâce au crémant d’Alsace qui, avec ses plus de 40 millions de cols, concentre dorénavant près de 40% des ventes. Si, sur le marché intérieur, les crémants d’Alsace accusent pour la première fois un ralentissement de 1,5% de leurs ventes en 2025 versus 2024, ils s’exportent toujours mieux, avec quasiment +12 % sur trois ans et une bonne résistance en 2025. Côté vins tranquilles, les gewurztraminer et riesling résistent en Métropole, tandis que les pinots gris, noirs et blancs reculent. À l’export, tous les cépages régressent, notamment le riesling, sauf le pinot blanc.
Une restructuration difficile
Suite à la reprise de la mise en marché des vins de la cave de Pfaffenheim - Gueberschwihr, Arthur Metz, filiale de Grands Chais de France, est devenu le premier metteur en marché devant Bestheim et Wolfberger qui n’ont pas réussi à s’entendre sur leur projet de fusion. De leur côté, les caves de producteurs (donc sans négoce) comme Alliance Alsace (cave de Turckheim et Dagobert), enregistrent un « bilan honorable en 2024 », selon les dirigeants. Quant à la cave Jean Geiler, en 5e place, dont la fusion avec Hunawihr peine à être digérée, elle a choisi de tracer sa route avec un nouveau directeur. Ce contexte difficile se reflète également dans le marché foncier viticole où l'offre excède la demande, entraînant en 2024 une baisse de 5% des prix à l’hectare de vigne dans le Haut-Rhin, selon la Safer.
Une appellation qui se cherche
Dans ce climat de fortes mutations, la filière alsacienne entreprend une révision de son cahier des charges, prenant acte du fait qu’il restreint l'accès des vins d'Alsace à de nouveaux marchés émergents. Parmi ceux-ci, celui de la consommation nomade, en plein essor, qui privilégie des contenants autres que la flûte alsacienne traditionnelle, comme les flow packs ou les canettes, des formats actuellement interdits par l'appellation. Ces marchés réclament également des vins plus contemporains comme les pét’nat. Dans ce contexte, l'appellation a récemment intégré les vins orange. Bien assise sur ses fondations identitaires des cépages rhénans, elle a aussi ouvert son cahier des charges à 16 cépages plus méridionaux ou résistants, à hauteur de 5% de la superficie ou 10% des volumes produits. Mais elle souhaite recentrer la lisibilité de son offre, notamment en limitant la sucrosité des rieslings. Concernant la montée en gamme, la filière a proposé de classer 7 terroirs comme strate intermédiaire en premiers crus, un projet reclassé par l’Inao en cru.